KYU-JUTSU (弓術) - KYUDO (弓道)

Message par Deuns » 18 Octobre 2014, 16:56

Les origines :

Les guerres sont nombreuses tout au long des premiers siècles de l’histoire du Japon. Le Kyujutsu, l’ancêtre du Kyudo est l’une des 18 disciplines des Samouraï qui comprend des techniques d’utilisation de l’arc asymétrique, issues de l’antiquité et du Moyen Age à travers les différentes Ryu, orientées sur l’efficacité, la précision, la rapidité, la finalité étant de tuer l’adversaire. La guerre des Gempei (1180 -1185) voit l’apogée de l’utilisation de l’arc sur les champs de bataille. La Voie de l’Arc et du cheval se développe dans les différentes techniques de combat à pied ou à cheval et dans l’attitude mentale, faite de rigueur morale, respect de l’engagement envers son seigneur et son école, et de dignité au combat sans crainte de sa mort.

La Voie de l’Arc fait partie des Budo. Elle était aux temps féodaux réservé aux nobles et aux Samourai de haut rang. L’arc était considéré par les anciens comme l’une des plus importantes représentations symboliques. Il fut utilisé dans de nombreuses cérémonies religieuses. Après avoir connu son heure de gloire sur le plan militaire, il s’est peu à peu orienté vers une Voie de Réalisation, son utilisation guerrière devenant anachronique.

Les Budo partagent un patrimoine commun tout en conservant chacun ses particularités. L’un des dénominateurs communs est la maîtrise du KI, l’énergie vitale. Dans le Kyudo, les traditions des différentes Koryu (écoles anciennes) sont précieusement entretenues par ceux qui les pratiquent et transmises afin que celles-ci ne disparaissent pas.

Si l’on traduit fidèlement Kyudo en décomposant les deux idéogrammes :

Kyu = Yumi = Arc
Do = Michi = La voie, le chemin.

Le Kyudo est donc la « Voie de l’Arc », « Do », Se traduit également « Tao » en Chinois.

Le Kyudo est l’expression debout du Zazen (Zen assis) dont le but n’est pas la cible, mais soi-même.

« La flèche de la connaissance perce le cœur de l’ignorance. »

Elle exprime le principe de l’unité :

Esprit / Corps
Arc / Flèche
Kyudoka / Cible

Dans les temps anciens, l’arc japonais est simplement un arc droit d’un seul morceau taillé dans la partie la plus solide du tronc du zelkova ou du catalpa. À partir du Moyen-âge, il est construit selon la méthode du lamellé-collé avec du bambou en forme à double courbure (courbure inversée). L’arc qui nous intéresse dans le Kyudo est le long arc qui mesure autour de 2,20 m. La poignée est placée de façon asymétrique au tiers inférieur de l’arc pour permettre de tirer à genou ou à cheval. Cet arc, moins fonctionnel qu’un arc court, est pourtant conservé par les archers, car ses défauts sont largement compensés par ses matériaux naturels, la simplicité de sa forme presque primitive, son élégance et sa beauté. Pour le pratiquant de Kyudo, l’arc et les flèches sont des objets de vénération, investis de spiritualité et utilisés avec respect.

La pratique :

La Voie de l’Arc peut-être abordées à travers d'étapes successives :

Le Kyudo : une approche moderne rassemblant les différentes sensibilités des principales écoles. La synthèse a été opérée par les principaux Maitres de l’époque moderne sous l’égide de la Z.N.K.R et présentée sous la forme de Hassetsu. Avec le Kihontai, cette structure permet un enseignement plus uniforme tout en respectent les particularités des écoles. Elle assure une progression et sert de référence lors des examens.

Le Shado est une approche plus métaphysique. C’est la pratique du Kyudo dans l’esprit Zen. Cette partie a été développées par Maitre Awa avec le Daishado Kyo (La grande Voie du tir intérieur) et perpétué par Maitre Anzawa son disciple. Elle est remarquablement expliquée par le professeur de philosophie E. Herrigel. Il fut élève de Maitre Awa et le premier occidental à avoir pratiqué cette discipline.

Les Maitres disent que le Kyudo est « Shin-Zen-Bi », la Voie du Vrai, du Bien, du Beau. C’est aussi la Voir du lâcher-prise. Il est normal que le débutant cherche à imiter son Maitre, mais à un moment donné, il doit « se détacher ». Le Kyudo est l’expression de la personne, ce n’est pas le pâle reflet de celle du Maitre.

La symbolique :

Dans la symbolique de l’arc, le « Non-but », est un des liens étroits qui unit le Zen et le Kyudo. Le Kyudo est une Voie, une ascèse qui ne doit pas s’arrêter aux portes du Dojo. Le Kyudo est aussi porteur d’une symbolique rigoureuse et cette symbolique s’exprime au travers d’une géométrie de la posture.

La corde quant à elle représente l’axe du monde autour duquel tout gravite, c’est la partie essentielle de l’arc. Le point d’encoche de la flèche est le centre du monde manifesté. La légende veut que l’arc n’ait pas été inventé par l’homme mais soit un don de dieu et elle ajoute que l’arc se conçoit à partir de la corde et non le contraire.

La partie supérieur de l’arc représente le rapport avec le divin, est Yang (masculin), et la partie inférieure celui avec la terre est Yin (féminin).

La main gauche est Yin et agit en réaction par rapport à l’arc, la main droite, elle, agit en traction et est Yang, pure action.

Le Giriko, est un genre de colophane en poudre, qui symbolise ma pure essence.

Les flèches fabriquées par 4, sont tirées par paires. La première, la « Haya » est Yang, la deuxième, l’« Otoya » est Yin. La « Haya » et l’ « Otoya » tournent dans des sens opposés.

La cible « Mato » est soit Yin (Kasuminato), soit Yang (Oshimato).

L’Azuchi (air de tir) est la représentation d’un temple Shinto, orné d’un Azuchi no Maku (calligraphie d’une maxime, réalisée par un grand Maitre. Le Gohei (serpentin de papier représentant le sacré dans le Shinto) marque la différence entre une cible sacrée et une cible vulgaire.

Tous ces symboles sont là pour rappeler au Kyudoka qu’il ne doit passe laisser aller à viser, il doit laisser mûrir sont tir et lâcher « comme une goutte de rosée tombe d’une feuille », sans volition. Le tir sera bâti selon une géométrie rigoureuse, formée principalement de parallèles, de perpendiculaires et de diagonales.

La position précédant immédiatement le lâcher, le « Kaï », est le stade le plus caractéristique du tir, celui vers lequel convergent les autres stades. En cet instant la géométrie de la posture fait apparaître cinq croix qui doivent se mettre en place simultanément et de façon inaltérable.

Le Kyudoka, au moment du tir est l’Homme, c'est-à-dire l’Homme-croix qui opère la jonction entre le plan horizontal du terrestre, du manifesté et du plan vertical du Divin, du céleste, le Kyudo s’appuie sur une géométrie rigoureuse, permettant de développer une bonne posture. C’est à ce moment où il réalise simultanément les cinq croix que le Kyudoka symbolise l’Harmonie du Ciel et de la terre et accomplit le « Tir parfait ».

Le Kyudo met l’accent :

• Sur la posture et l’étiquette.

• Sur la symbolique, plaçant l’homme en tant que médiateur entre le Ciel et la Terre, la corde étant l’axe.

• Sur la concentration, la coordination des mouvements.

• Sur la synchronisation avec la respiration

• Le Hyoshi, le rythme, lors du tir et des déplacements en groupe.

• Le Maai, prise de conscience de sa place dans l’espace du dojo par rapport aux autres, lors des kata.


La quintessence du Kyudo se résume en ces maximes :

« Issha setsume », Un tir une vie.

« Sans le Zen, le Kyudo n’a pas de sens», Omori Sogen Roshi.

« Gen Ni Ensureba Michi O Ushinao », Celui qui se polarise sur la technique, perd la voie : Anzawa Senseï.
Deuns
 
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