KEN-JUTSU (剣術) - KENDO (剣道/劍道)

Message par Deuns » 09 Octobre 2014, 17:45

LES ORIGINES

Après une longue période de guerres et l'unification du pays par le Shogun Tokugawa Ieyasu, le Japon entre dans une ère de paix qui durera plus de 260 ans, l'époque d'Edo (1600-1868), au cours de laquelle le Ken-jutsu qui a perdu en pratique sa finalité sur les champs de bataille prend son essor dans la formation de la caste dirigeante, celle des Bushi ou des Samourai. Le Ken-jutsu est alors l'un des 18 arts martiaux que doit pratiquer le Bushi.

L’apprentissage du Ken-jutsu (ou art du sabre, était, on le conçoit, dangereux. Il n’était pas rare que durant l’apprentissage ou à l’occasion même de l’entrainement aux Kata, les pratiquants, maitres ou élèves, se retrouvent sérieusement blessés, estropiés, voir tués. Il convenait donc de trouver une armure protectrice. On doit cette première innovation à plusieurs grands Maitres de l’époque Edo (1603-1867) dont Taranishi Kanshin et Ono Tadake.

L’armure, s’inspirant de celles des grands généraux, comprenait un casque (Kabuto) protégeant tête et nuque. Les épaules, la poitrine, les bras et les mains étant protégés par des pièces adaptées en cuir ou en métal. Ono avait aussi inventé un sabre factice fait de lames de bambou. Ce sabre fut l’ancêtre du Shinai que l’on utilise aujourd’hui en Kendo.Ce fut l’un de ses élèves, Nakanishi Chuta, qui, vers 1750, compléta et améliora les initiatives de Maître Ono. Il inventa le gant de protection (Kote), remodela le sabre factice sous forme d’un sabre formé par 4 lames de bambou, souple et résistant, nommé Shinai.

Nakanishi Chuta fonda lui-même une nouvelle école : l’Itto-ryu, obligeant tous ses élèves à porter l’armure et le Shinai. L’avantage était considérable : sûr de pouvoir frapper sans blesser, l’élève pouvait porter tous ses efforts sur l’intensité et la rapidité des coups, faisant ainsi d’appréciables progrès en peu de temps. En dépit de quelques réticences, toutes les autres écoles du Japon allaient à leur tour adopter le Shinai.En 1760, les jeunes élèves Samourai avaient donc à leur disposition, soit le sabre de bois (Boken), ou encore la vieille lame de sabre terrible et traditionnelle.

Toutefois ce premier Shinai, fabriqué par un assemblage de 32 morceaux de roseau, recouverts d’une toile épaisse, manquait nettement de souplesse. Nakashini simplifia ce premier Sinai en réunissant quatre lamelles de bambou. La forme la plus accomplie du Shinai était, semble t-il, trouvé, car ce modèle est encore le même en usage de nos jours. La Tsuba (garde) était réalisée dans da la peau épaisse et ajustée sur la Tsuka (poignée) du sabre. Cette nouvelle armure de protection impliquait une nouvelle manière de se comporter. Le Ken-jutsu se transforma donc en Ken-do (de Do : la voie et de Ken : le sabre, c'est-à-dire la voie du sabre).

A la Restauration de Meiji ( 1868 ), le port du sabre est interdit par décret impérial en 1876, la caste des Samourai est dissoute et les arts martiaux tombent en désuétude avec introduction des techniques militaires occidentales. C’est vers 1873 que le Kendo perdit son caractère d’enseignement réservé.L’abolition de la féodalité en 1870, avait rejeté depuis quelques années les Arts du Bushido dans une sorte d’oubli. Toutefois, des démonstrations publiques de Kendo organisées par d’anciens Samourai, avaient suscité un intérêt d’autant plus vif que jusqu’alors, toute démonstration, ou même le simple entrainement au sabre ou au Kendo était rigoureusement interdits au public.Devant le succès du Kendo, une loi rendit en 1871 son enseignement obligatoire dans toutes les écoles du Japon. Les Arts-martiaux, dont le Ken-jutsu, renaissent toutefois dès 1878 dans les écoles de police.En 1899 , une première démonstration de Kendo a lieu en France à l'occasion de la visite du créateur du Judo moderne, Kano Jigoro. En 1909 est fondé le premier collège de la Fédération de Kendo, puis en 1928, nait la fédération générale qui, depuis, délivre les grades.

Jusque là appelé Kenjutsu, c'est en 1912 qu'il est fait pour la première fois mention du Kendo dans la publication des "Nihon Kendo no Kata" (Kata pour le Kendo).

La défaite du Japon en 1945 porte un coup sévère aux arts martiaux japonais en général et au Kendo en particulier, responsables selon l'occupant Américain de véhiculer une idéologie militariste via le Bushido. Le Kendo sera d'ailleurs interdit après la guerre, mais sa pratique sportive se poursuivra sous le nom de "compétition au Shinai" jusqu'en 1952 date à laquelle se constitue la Fédération Japonaise de Kendo (Zen Nippon Kendo Renmei). A cette occasion, des maîtres sont dépêchés à l'étranger, en France notamment.


PRESENTATION

Le Kendo est une forme d'escrime au sabre à deux mains où grâce à l'emploi de matériel adapté (Arme en bambou, armure de protection) les assauts sont menés de façon réelle. Il existe également une pratique à 2 Shinai appelée Nito héritière de l'école à deux sabres attribuée à Miyamoto Musashi.

Les pratiquants sont appelés Kendoka (Peu usité au Japon) ou Kenshi. Le Kendo se pratique dans un dojo : une salle équipée d'un plancher ou dans des gymnases lorsque des planchers ne sont pas disponibles.

Il n'existe pas de catégorie de poids et les pratiquants ne portent aucun signe extérieur de leur grade.

LA PRATIQUE

Le Kikentai Itchi

La notion fondamentale du Kendo est le Ki ken tai no itchi ou Kikentai itchi , autrement dit l'unité entre:

• L'esprit (Ki), qui désigne la détermination dans l'assaut. Le Ki se manifeste par le Kiai, le cri que pousse le combattant lorsqu'il porte une attaque.
• Le sabre ( Ken ) , qui représente le coup porté. Celui ci doit être délivré avec la partie valable du Shinai ( Mono uchi ) correctement orienté (Le "tranchant" du shinai devant "couper" la partie touchée) sur une partie valable (Datsu bui ) de l'armure de l'adversaire.
• Et le corps ( Tai ) qui désigne l'engagement du corps représenté par une frappe du pied avant au sol qui doit être executée dans le même temps que la coupe et le Kiai.

Le Kiai

Le Kiai est un cri obtenu par une forte expiration ventrale. Il permet de libérer les efforts au moment de l'assaut. S'il ne porte pas ce nom, on en voit souvent la manifestation chez les joueurs de tennis lors de la frappe de la balle ou chez les haltérophiles lors de l'arrachement des poids. En Kendo on enseigne aux débutants à crier le nom de la partie visée par la frappe (Kote, Men, Do) pour développer le Kiai. Au fil de la progression, le cri sera remplacé par un Kiai plus personnel.

Les Kata sont une exception. Dans ces derniers, les coups ne sont pas systématiquement accompagnés d'un Kiai, mais le dernier coup est traditionnellement accompagné de " Ya ! " (Uchidachi) et de " To ! " (Shidachi) .

Points d'attaque

En Kendo, par convention pour une pratique sportive, seules certaines parties du corps peuvent être touchées pour que le coup soit considéré comme valable. Les quatre cibles principales sont : la tête (Men), les poignets (Kote), les flancs (Do) et la gorge (Tsuki)

Les Gardes

Les combattants se font face en tenant le Shinai à deux mains (la main droite près de la garde et la main gauche à l'extrémité de la poignée) pointe vers la gorge de l'adversaire. Cette garde fondamentale (Appelée "Chudan no kamae" ) permet de frapper en avançant d'un seul pas ( Issoku itto ).

Il existe également d'autres gardes dont une garde haute dans laquelle le pratiquant tient son shinai au dessus de sa tête ( Jodan no kamae ).

Pour la pratique à 2 sabres ( Nito ) le combattant tient un Shinai dans chaque main : un long et un court.

L'ÉQUIPEMENT

Les armes

• Le Katana est le sabre qu'utilisaient les Samouraï. Aujourd'hui, leur fabrication est réglementée par le gouvernement japonais en termes de qualité et de quantité. Ceux-ci ne sont aujourd'hui utilisés que pour le Iaido. Pour les Kata de Kendo on utilise parfois, lors des démonstrations, des sabres équipés des lames factices non tranchantes appelés Habiki .
• Le Shinai est un sabre composé de quatre lattes de bambous attachées entre elles. Le Shinai représente le Katana et à ce titre est sensé posséder un tranchant, la partie opposée au fil ( Tsuru ) qui maintient l'assemblage du shinai. Les coups valables doivent être portés avec ce tranchant correctement orienté. La longueur et le poids du shinai varient avec la catégorie (homme/femme, enfant/adolescent/adulte) du pratiquant. Dans la pratique à 2 sabres ( Nito ) le combattant utilise 2 Shinai de longueur différente. Il existe également des Shinai en matériaux composites (Fibre de carbone). Plus résistants, ils nécessitent moins d'entretien que les Shinai en bambous. Le Shinai doit être, dans un souci de prévention des accidents, correctement entretenu. Pour cela il doit être inspecté avant chaque utilisation et si besoin est, démonté afin de poncer ou de changer une lame abimée.
• Le Bokuto ou Bokken est une version en bois du Katana. D'aspect, il est plus proche de ce dernier que le shinai. Il était autrefois utilisé pour l'entraînement, mais il a aujourd'hui été remplacé par le Shinai. Le Bokuto reste toutefois employé pour l'exécution des Kata.

L'armure

Le Bogu est l'armure protégeant principalement les parties du corps visées et limitant ainsi, tout comme le Shinai, les risques de blessures lors de l'entraînement ou des combats. Il se compose des éléments suivants :

• Men : masque pourvu d'une grille métallique couvrant le visage et la tête, les épaules et la gorge.
• Kote : gants protégeant les poignets et une partie des avant-bras.
• Do : plastron protégeant le ventre au niveau des côtes et qui remonte jusqu'à la poitrine.
• Tare : protection couvrant le bas-ventre et le haut des cuisses.

Les parties souples de l'armure sont faites de tissus de coton rembourrés et surpiqués renforcées par des pièces de cuir (Le plus souvent de daim), le tout teinté indigo. La grille du Men ( Mengane ) est réalisée en métal ( duraluminium , titane etc.). Le Do est fait en fibre de verre ou, pour les meilleurs Bogu , en lattes de bambou, recouvertes de cuir voire de peau de raie (Galuchat). Il est également laqué.

Les vêtements

Les vêtements traditionnels sont le Hakama (Pantalon jupe) et le Keiko-gi (Veste). En coton (Mais aussi en matières synthétiques) ceux-ci sont généralement de couleur indigo. Les extraits végétaux utilisés pour la teinture ont des propriétés styptiques. Des tenues de couleur blanche sont utilisées pour des raisons économiques (Enfants) mais aussi pour symboliser la pureté de l'esprit (Cette tenue est le plus souvent portée par certains Maîtres, des femmes, des pratiquants du dojo de la police impériale etc.).

En Kendo le grade du pratiquant n'apparaît pas sur ses vêtements. En revanche le nom du pratiquant, ainsi que son dojo ou club d'appartenance, sa ville ou région ou pays sont inscrits sur le Zekken qui se porte sur le Tare. Cette identification est retirée lors des passages de grades.

UNE DISCIPLINE DE L'ESPRIT

Le Kendo n'est pas qu'une discipline physique. Sa pratique requiert la maîtrise de " Kata ", (Combats codifiés), et de l'étiquette s'appliquant au dojo. Le Kendo est un art qui exige une discipline de l'esprit.

Le Kata

Les Kata (Aussi appelés " Kendo no kata ou Nihon kendo kata") sont une synthèse de différentes écoles anciennes. Créés en 1912 par un comité d'experts ils se composent de dix séquences codifiées de combat entre deux partenaires, sept avec le Bokken (Sabre long) et trois avec un Kodachi (Sabre court) pour le Shidachi .

Les Kata sont des enchaînements précis de techniques où l'accent est mis sur la qualité et l'authenticité de l'exécution. Les Kata sont réalisés par deux personnes sans Bogu , sous une forme entièrement codifiée (Y compris les saluts). Pour chaque Kata, on trouve un maître ( Uchidachi ) et un élève ( Shidachi ). Le maître donne toujours le premier coup, et l'élève le dernier, ce qui fait de lui le "vainqueur". Cependant, l'objectif du Kata n'est pas la victoire mais plutôt l'exécution fluide sans faille des techniques. Pour cette raison, les Kata sont très utiles pour se perfectionner dans l'exécution des différentes techniques.

L'étiquette

"Le Kendo commence et se termine par un salut". Cette règle fondamentale enseignée dans tous les Dojo souligne l'importance de l'étiquette qui fait totalement partie de la pratique du Kendo.

Les saluts (En début et fin de cours, en début et fin de combat), la façon de s'aligner dans le dojo, la manière de s'équiper, de tenir le Shinai hors combat etc., font l'objet d'un ensemble de conventions dont l'origine remonte à l'époque des Samurai et dont le détail peut quelquefois varier selon les professeurs et les Dojo.

L'étiquette exprime le respect et la gratitude envers les autres pratiquants et les professeurs, mais aussi envers le dojo et le matériel.

GRADES ET TITRES

La hiérarchie

Il existe 2 classements : un pour les débutants, et un pour les pratiquants confirmés. Pour les débutants, les grades vont du 6éme au 1er Kyu (Le plus élevé); pour les confirmés, du 1er au 8éme Dan.

Parallèlement aux "Dan" il existe une échelle de titres d'enseignants: "Renshi", "Kyoshi" et "Hanshi", le titre de Hanshi (Maître) étant le plus élevé. Les titres sont délivrés sur examen écrit mais le candidat doit remplir un certain nombre de conditions dont le grade: 6éme Dan au moins pour Renshi, 7éme Dan pour Kyoshi et 8éme Dan pour Hanshi.

Les passages de grades

Les grades sanctionnent la réussite à un examen comprenant une épreuve écrite (Jusqu'au 5éme Dan), une épreuve pratique constituée de 2 combats d'une minute trente environ avec 2 candidats différents, et d'une épreuve de kata où selon le grade présenté le candidat devra réaliser une partie ou la totalité des Kata de Kendo.

Le jury est constitué d'examinateurs dont le nombre (5 ou 7) et le grade (minimum 5éme Dan) est fonction du grade présenté. Le grade est octroyé à la majorité des voix du jury.

Outre un âge minimum pour le premier dan, la condition principale pour présenter un grade est l'ancienneté dans le grade acquis. Cette ancienneté augmente avec le grade présenté. Il faut au minimum 2 ans à un 2ème Dan qui vient d'obtenir son grade pour présenter le 3éme Dan et 6 ans à un 6éme Dan pour pouvoir présenter le 7ème Dan. La durée minimum entre grades est divisée par 2 pour les candidats de plus de 60 ans.

COMBATS ET ARBITRAGES

Au terme des règles internationales les combats ou Shiai se jouent en trois points maximum ( Sanbon shobu ) sur une durée de cinq minutes à l'intérieur d'une aire de combat ( Shiai-jo ) de 11 m de côté. Le vainqueur est le premier à marquer deux points avant la fin du temps réglementaire, ou celui qui a marqué un point à la fin du temps. En cas d'égalité et en match individuel, une prolongation ( Encho ) a lieu, sans limite de temps, jusqu'à ce qu'un des combattants marque un point.

Les sorties du Shiai-jo, la perte du Shinai, les comportements violents ou inadaptés, sont sanctionnés par un avertissement ( Hansoku ). Deux Hansoku donnent un point à l'adversaire.

Ces règles générales peuvent être adaptées (Notamment la durée) selon les formules de compétition et l'âge des compétiteurs.
Combats par équipes.

En combat par équipe les matches nuls à la fin du temps réglementaire ne donnent pas lieu à prolongation, mais un combat supplémentaire peut avoir lieu entre des représentants des deux équipes à l'issue des combats si les équipes sont à égalité.

Arbitrage

En compétition, l'arbitrage est assuré par trois arbitres. Chaque arbitre tient un drapeau dans chaque main: un drapeau rouge et un drapeau blanc. Chacun des combattants porte attaché au dos un ruban ( Tasuki ) de couleur rouge pour l'un et blanc pour l'autre.
Un des arbitres est l'arbitre principal ou arbitre central ( Chushin ), et les deux autres ( Fukushin ) l'assistent.

C'est le Chushin qui donne les ordres de début et de fin des combats, annonce les points et donne les avertissements.
Pour qu'un point ( Ippon ) soit accordé, deux arbitres au moins doivent lever le drapeau de la couleur du combattant qui a marqué le point.
Deuns
 
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